paroles : Benjamin Kauffmann
(texte extrait du livre « la violence de la neige tombe en douceur » de Benjamin Kauffmann Editions Edilivre
musique : Thomas Pierron
lyrics
La chambre
Enfant ma mère m’endormait en me caressant la joue. J’avais la certitude que tout était pour le mieux, que j’étais à ma place dans la profondeur de mon lit.
Je ne demandais qu’à vivre... Je ne demandais qu’à vivre...
En grandissant, le monde m’a attribué une place sur les bancs de l’école comme si l’on me passait les clés, le mode d’emploi... J’aurais dû prendre après, une place dans le monde du travail.
Je ne demandais qu’à vivre... Je ne demandais qu’à vivre...
Payer mes factures, payer mes impôts, payer ma taxe d’habitation...
J’ai été posé, là,
au monde.
On a réussi à me réclamer le prix de ma place.
Je ne demandais qu’à vivre... Je ne demandais qu’à vivre...
Je ne suis pas un héros, ma pensée est naïve mais elle existe, mais elle existe.
J’accepte l’évident constat de mon agitation contre la vitre du monde. Je n’ai pas l’âme d’un compétiteur.
Je ne demande qu’à vivre... Je ne demande qu’à vivre...
Est-ce que les rêves sont plus grands que le monde ? Est-ce que les rêves sont plus grands que le monde ?
Je contemple la gestation de nos sociétés à la télé, je l’entends à la radio.
Je suis à la fois derrière et devant la fenêtre de mon époque. Je ne trouve rien d’autre à proposer à ce monde paradoxal
qu’un cri silencieux, qu’un cri silencieux
Je ne demande qu’à vivre... Je ne demande qu’à vivre...
Mon amour...
Je suis parti car je me serais perdu en toi...
Je suis parti perdu dans les méandres de mon esprit et je ne sais pas ce que je cherche. Je trouve l’apaisement dans la solitude et la contemplation,
dans l’épreuve de mon corps.
Mais je retrouve aussi mes rituels :
l’achat et la lecture de mon journal en prenant un café.
Je voudrais
effacer ma mémoire et reprendre tout à zéro.
Redécouvrir
et se laisser prendre au charme de la première fois...
Je ne dormais plus, je suis parti...
Je vis,
comme un simple témoin impuissant, le constat de tes ivresses, tes soliloques et ton sommeil. J’aimerais
te rencontrer en possession de toute ta lucidité dans le moment présent loin de ta fuite de l’ici et maintenant.
Tu me manques
quand tu t’éloignes vers les horizons de ton éthylisme,
tu me manques
quand tu pars dans ton récit monomaniaque pendant de longues nuits de veille,
Tu me manques
quand tu m’abandonnes pour les profondeurs de ton sommeil...
Parfois
j’interroge les champs de bataille de nos vies quotidiennes,
du passage du temps sur mon épiderme,
au lit défait d’une nuit sans sommeil,
de l’émail du lavabo tâché de dentifrice
au poil pubien suspect dans la douche jusqu’aux miettes de pain laissées par les amants dans la précipitation d’un petit déjeuner.
Et chaque indice
est une histoire
me permettant de faire le constat de victoire de la vie sur la mort.
Chacun laisse une trace dans un espace, chacun laisse une trace dans un espace, dans le temps, dans la mémoire, chez l’autre...
Nous ne demandons qu’à vivre... nous ne demandons qu’à vivre...
J’ai mis une porte entre le monde et moi. Dans l’ombre de ma chambre
je revisite les épisodes qui m’ont construit.
Je fais quelques allers- retours par la fenêtre de ma mémoire.
Le monde
gronde et gratte derrière la porte comme un chien. Harcelé par cette obligation d’exister qu’exigent les autres.
Puisqu’il faut vivre comme l’herbe pousse puis-je au moins quelques temps me soustraire aux regards de tous ?
Je ne demande qu’à vivre... je ne demande qu’à vivre...
Aujourd’hui on est entré dans ma chambre sous prétexte de faire le ménage.
Je crois surtout qu’on voulait sonder le désordre de ma citadelle imprenable. Ils n’ont pas trouvé ce que je cachais puisque je n’y étais pas. Quelqu’un a essayé de bouleverser mon monde mais les objets laissés sur le lit n’ont pas produit l’effet escompté à part la traduction du dérangement que crée à l’extérieur... mon retranchement. La traduction du dérangement que crée à l’extérieur... mon retranchement.
credits
from - nycthémère -,
released July 1, 2017
enregistrement et mixage : Thomas Pierron
Benkofski fait de la chanson. Chanson française à texte (sinon ce serait de la musique) qui célèbre la banalité de la vie et
la tragédie du quotidien.
Benkofski n’a jamais abusé de l’alcool puisqu’il était consentant, et n’oublie pas dans sa galerie de portraits, les copains et les coquines avec en toile de fond notre monde d’injustice....more
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